Mussy-sur-Seine, l’ancienne résidence estivale des Évêques de Langres
Aux portes de la Champagne et de la Bourgogne, nichée dans un méandre de la Seine, la Petite Cité de Caractère ® de Mussy-sur-Seine abrite l’un des plus riches patrimoines de l’Aube. Village gallo-romain puis bourg médiéval fortifié par la volonté des seigneurs du lieu, les évêques de Langres, la cité conserve de nombreux témoignages de son passé médiéval, résistant et industriel. Dans son lacis de ruelles pittoresques menant à la Seine, vous rencontrerez des maisons anciennes enchevêtrées et les vestiges d’anciens remparts enserrant le bourg depuis le XIIème siècle (voir par exemple l’impressionnante tour du Boulevard du XVème). Au cœur de la cité, la Collégiale du XIIIème siècle surprend par ses proportions dignes d’une petite cathédrale. Le grenier à sel du XVème siècle, la maison du chanoine ou encore la glacière des évêques sont aussi remarquables. À l’été 1944, au moment du débarquement, la résistance du maquis donne lieu à de nombreux combats dans la grande forêt qui entoure la ville. Aujourd’hui, le Musée de la Résistance de l’Aube, totalement rénové utilise les moyens vidéo les plus modernes pour faire revivre cette période dramatique et héroïque de notre histoire.
De Mussy l’Évêque à Mussy-sur-Seine
Historiquement et jusqu’à la Révolution, Mussy-sur-Seine est connu sous le nom de Mussy l’Évêque en référence à la résidence d’été à travers les siècles de l’Évêque, Duc de Langres qui au XIIème siècle, érige une enceinte avec seize tours pour protéger la ville. Rasée au XVème siècle par Philippe le Bon, Duc de Bourgogne, l’enceinte est rétablie et modernisée en 1480. Au fil des siècles, elle est finalement démantelée au profit des habitants. Aujourd’hui, seules trois tours demeurent et témoignent de ce passé glorieux. En 1617, le château fortifié brûle puis est rebâti en château de plaisance, tour à tour amélioré par les différents Évêques. Partiellement détruit à la Révolution, il fût vendu pour partie à la commune (actuelle Mairie-Bibliothèque-Agence postale) et à des particuliers. Le nom actuel de la ville date de cette époque.
Promenons-nous dans Mussy-sur-Seine
1. Départ de l’Office de Tourisme / Musée de la Résistance de l’Aube
Un événement peu connu de la Seconde guerre mondiale s’est déroulé dans le massif boisé proche de Mussy-sur-Seine. En juillet 1944 un maquis F.F.I. y est mis sur pied par Émile Alagiraude dit « Montcalm » alors que le débarquement de Normandie vient d’avoir lieu. Le mois suivant, 1200 maquisards y vivent en clandestinité : ils viennent principalement du département de l’Aube et des départements voisins. Le 2 août 1944, le maquis est attaqué par les Allemands : pendant deux jours entiers, les maquisards y combattent puis se dispersent pour mieux se réorganiser à quelques kilomètres. Moins connu que ceux du Vercors et des Glières, qui ont marqué l’histoire et la mémoire de la France, le maquis de Mussy-Grancey, dit aussi maquis Montcalm, ne devait pas être oublié. C’est pourquoi en 1971 l’association des anciens maquisards fait construire un musée de la Résistance, confié à la municipalité dès 1974 puis labellisé par l’État « Musée de France » en 2002. Aujourd’hui agrandi et entièrement rénové, il devient musée de la Résistance de l’Aube et présente la diversité des résistances locales. Il participe ainsi au développement touristique et culturel de la commune et du département. Au rez-de-chaussée, vous trouverez une antenne de l’Office de Tourisme de la Côte des Bar et une salle dédiée aux ateliers pédagogiques et conférences. À l’étage, 200 m2 sont réservés au parcours des collections dans une muséographie moderne, didactique et immersive à destination d’un jeune public. L’Histoire se transmet, ou s’oublie. La scénographie du lieu est axée sur les origines et la création des résistances auboises. Elle immerge le public dans la vie quotidienne des civils, mais aussi des résistants au sein des maquis. Elle permet aussi de comprendre les risques terribles (arrestations, déportations et exécutions) pris par les maquisards qui permettent, par leur courage, la Libération de Troyes, de l’Aube et de façon plus générale de toute la France. Les dispositifs numériques (cartes interactives, manipulations, témoignages sur écrans et casques d’écoute) donnent accès à de nombreuses archives numérisées. Les visiteurs peuvent entendre des témoignages de contemporains de l’Occupation en particulier sur les actions menées au sein de plusieurs mouvements et réseaux aubois de résistance (sabotages, propagande, armement et parachutages, communication entre maquis et villages, etc.), et ainsi saisir l’importance de maintenir vivante, des décennies plus tard, la mémoire de la Résistance.
2. Les Halles Boursault
La place et la rue Boursault portent le nom de l’homme de lettres du Grand Siècle connu notamment pour sa querelle littéraire avec Molière et dont la maison natale est visible à proximité. Les Halles sont construites entre 1857 et 1859 dans le style architectural du XVIIème. Chaque jeudi, elles abritent et accueillent le petit marché hebdomadaire de Mussy où vous pourrez vous procurer le fromage de Mussy, cousin du fromage de Chaource, avec sa pâte molle, légèrement salée et sa croûte fleurie.
3. Petite rue de Chapotte
Rejoignez la rue Victor Hugo, puis prenez à gauche. Continuez jusqu’au bout puis prenez à droite « Rue de Chapotte » : vous entrez dans l’ancien quartier juif.
4. L’ancien quartier juif et le Grenier à sel
Vous trouverez au numéro 10, la Maison du Rabin, magnifique demeure datant de la Renaissance. La rue passe sous le Grenier à sel. Ce Grenier, fondé au XIVème siècle, après l’instauration de l’impôt sur le sel (Gabelle) desservait cinquante paroisses. Admirez la façade remaniée à la Renaissance et la très belle porte qui enserre le quartier. Prenez à gauche la rue Victor Hugo puis encore à gauche la rue du Croissant qui débouche sur la Promenade et empruntez-la sur votre droite jusqu’au bout.
5. La Promenade
Longue de 400 mètres, cette allée est plantée de quatre rangées de tilleuls (440 arbres). Elle est aménagée en 1772 à l’initiative de Monseigneur de la Luzerne, évêque et Duc de Langres. Cette promenade est toujours très appréciée par la population musséenne, particulièrement en été et accueille la Brocante de l’Ascension. Tournez à droite vers l’église.
6. La Collégiale Saint-Pierre-ès-Liens
L’église Saint-Pierre-ès-Liens, classée monument historique dès 1840, est une collégiale. Au Moyen-Âge, elle est régie par un chapitre de 13 chanoines. L’église est construite à la fin du XIIIème et les chapelles y sont ajoutées au XVIème. D’influence champenoise, bourguignonne et anglaise, cette « petite cathédrale » représente un jalon incontestable dans l’histoire du gothique. L’architecture très sobre de la Collégiale, est enrichie par l’atelier de sculpture de Mussy qui réalise au XIVème siècle des œuvres de très grande qualité. La Collégiale abrite aussi des vitraux remarquables du XIVème, du XVIème et du XIXème. En entrant dans l’église par la porte principale on observe en allant à gauche (1ère chapelle), le vitrail du XVIème représentant l’Arbre de Jessé (arbre généalogique de Jésus). En continuant vers l’autel en longeant le côté gauche de l’église, on admire le remarquable tombeau de Guillaume de Mussy et de son épouse Jaquette ou Jacotte. Guillaume de Mussy, vassal des comtes de Champagne puis du roi de France Philippe le Bel a financé la construction de la collégiale. Puis on peut admirer un vitrail en grisaille et jaune d’argent du XIXème représentant des Saints et des Saintes (Lucie, Elisabeth Marthe, Augustin, Paul, Pierre et Michel). En se rapprochant encore de l’autel et sur la gauche on peut admirer un vitrail du XVIème représentant Adam et Eve dans le paradis terrestre proche de « l’Adam et Eve » de Dürer (notamment par la position frontale d’Eve et sa chevelure). Derrière l’autel (abside), la Collégiale offre aussi à ses visiteurs un ensemble de vitraux de facture bourguignonne qui datent de la construction de l’église (XIVème). De la gauche vers la droite, on observe une Vierge à l’enfant avec le couple de donateurs ainsi que les armoiries de Guillaume de Mussy, puis un calvaire, et enfin sur le vitrail de droite Saint Pierre entre un abbé (peut-être Saint Bernard de Clairvaux) et un Évêque. Sur un côté de l’autel, admirez la statue polychrome du Christ aux liens, véritable chef d’œuvre du XVIème siècle représentant Jésus dévêtu, attendant son supplice. Enfin, en continuant vers la droite dans la nef Sud, on peut admirer un vitrail du XVIème de l’Annonciation (Message de l’ange Gabriel à la Vierge Marie, lui annonçant qu’elle deviendrait la mère du Messie). Dans le baptistère, ne manquez pas d’observer la statue de Saint-Jean-Baptiste, réalisée dans la seconde moitié du XIVème siècle, aussi de qualité extraordinaire. Des visites guidées permettent d’accéder à la merveilleuse charpente de la Collégiale, après avoir emprunté un escalier à colimaçon.
7. La Maison du Chanoine
Au 2 rue des Ursulines, la Maison du Chanoine (propriété privée), typiquement Renaissance est la mieux conservée des maisons de chanoines entourant la Collégiale. Dans la petite ville subsistent d’intéressantes façades de la même époque. Empruntez le pont enjambant le canal de Seine (ancien lit de la Seine, détourné pour alimenter les douves).
8. L’Hôtel de Ville, ancien Palais des Évêques
La mairie de Mussy sur Seine est installée dans une aile de l’ancien château épiscopal. Dès 1147, date de la première croisade, les Évêques et Ducs de Langres possèdent à Mussy un château fortifié, détruit par les flammes en 1617. Rapidement reconstruit avec magnificence par l’évêque Sébastien Zamet, ses successeurs en font leur résidence durant la période estivale. En 1700, l’évêque François-Louis de Clermont Tonnerre l’embellit et agrandit les jardins. En 1771 Monseigneur de la Luzerne entreprend une extension du château sous la direction de l’architecte Jacques Denis Antoine (ayant également réalisé l’Hôtel de la Monnaie à Paris 1771-1775 et de nombreux autres châteaux en France et à l’étranger). A peine achevé, le palais d’été des Évêques de Langres est victime de nombreuses destruction révolutionnaires. En 1791, la partie centrale du château est démolie. Une des ailes est finalement acquise par la commune pour devenir la Mairie. Les jardins ainsi que l’autre aile sont vendus à des particuliers. Bien que non classés, ces bâtiments n’en restent pas moins de magnifiques témoins de l’époque de la résidence d’été des Évêques de Langres. Ainsi on peut toujours admirer la salle du synode des chanoines de la collégiale (actuellement salle des mariages), la chambre à coucher de l’évêque (devenue salle d’expositions temporaires) et la baie trilobée de l’ancienne chapelle. Empruntez le quai Chantavoine, puis à gauche rue du vieux Moulin et encore la Ruelle Traversière (9).
Face à vous, un porche (10) ouvrant sur la Rue du Couvent. Comme toutes les villes semblables de cette époque, Mussy a abrité au Moyen Âge plusieurs communautés religieuses dont une dans cette Rue du Couvent fermée par une porte. Continuez rue Gambetta. A gauche, vous apercevez plusieurs venelles étroites et moyenâgeuses conduisant à la Seine, dont certaines passent sous des constructions. La Ruelle de Seine (11) qui débouche sur la rivière vous accueillera avec un banc qui vous permettra de profiter de l’atmosphère paisible. Continuez sur la rue Gambetta et prenez à gauche jusqu’à la Ruelle du Boulevard qui mène à la Tour du Boulevard.
12. La Tour du Boulevard
En 1430, la destruction des fortifications de Mussy est ordonnée par le Duc de Bourgogne, Philippe le Bon. Elles sont finalement relevées entre 1480 et 1498 par l’Évêque de Langres, Jean Ier d’Amboise. A cette époque, une seule tour d’artillerie est construite face aux collines à l’est de la ville. Cette tour se caractérise par une couverture en terrasse, des murs très épais (entre 3 et 4 mètres) et des embrasures d’artillerie dites « à la troyenne » dont les parois sont en forme de crémaillères. Accolé à la Tour, un ancien abattoir en pierre du début du XIXème siècle sera prochainement aménagé en lieu d’exposition permettant un aperçu des fortifications qui ceignaient la ville, une vue du palais épiscopal avant la révolution et une explication sur les fonctionnalités des meurtrières de la tour d’artillerie. Après avoir admiré l’intérieur de la tour, contournez-la en longeant la Seine par le boulevard de l’Est pour rejoindre le pont (13).
14. La rue Gambetta
Empruntez la rue Gambetta puis à gauche la Ruelle Mauconseil, et encore à gauche la Rue précieuse jusqu’au quai Salomon et la Place Marcel Noël.
15. Le déversoir et la place
Établi pour créer la chute d’eau nécessaire au fonctionnement de plusieurs moulins, il demeure un lieu plaisant dont les bruits d’eau se mêlent au chant des oiseaux. La place, créée à l’emplacement d’un ancien moulin et aménagée en jardin de détente éco-responsable, offre un point de vue agréable sur le déversoir et l’un des anciens moulins. Retour au point de départ.
À ne pas manquer également : La glacière située à la sortie de la ville en direction d’Essoyes. La glacière de Mussy fut en quelque sorte le réfrigérateur des évêques de Langres lorsqu’ils séjournaient dans leur résidence d’été. Cet édifice est un spectaculaire cylindre de 6,5 m de diamètre et 10 m de profondeur et servait à stocker la glace. Elle est dans un état de conservation remarquable, comme il en reste peu en France.
Poursuivez votre découverte…
Lors de votre passage à Mussy-sur-Seine, ne manquez pas d’aller visiter les autres Petites Cités de Caractère de Champagne : Les Riceys et Bar-sur-Seine.
Autre incontournable : Troyes, Ville d’Art et d’Histoire ou Essoyes avec l’atelier et la Maison de Renoir.
N’oubliez-pas non plus de goûter aux spécialités locales : le Délice de Mussy, fromage du Pays et évidemment le Champagne en rendant visite aux vignerons de la vallée de la Seine !
Enfin, prévoyez votre séjour dans la Côte des Bar en consultant et/ou commandant nos brochures touristiques !
